Critique du film Avatar
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Lorsqu'un tel film sort en salles et engendre un buzz planétaire de cette ampleur, c'est plus fort que moi, une volonté inconsciente me pousse à occulter le phénomène et à y revenir bien plus tard lorsque le battage publicitaire a pris fin et qu'il est maintenant possible d'analyser le film avec le recul nécessaire. Sorti en décembre 2009, j'ai donc attendu un an et demi avant de me frotter à "Avatar" sur lequel j'avais, il faut l'avouer, bien des doutes sur la qualité. Tourné avec un procédé révolutionnaire de motion capture où les gestes et expressions des acteurs sont filmés et transmis à des alter-égos animés, "Avatar" est une véritable claque visuelle qui réussit le tour de force de rendre palpable l'existence de Pandora grâce à une animation fluide qui rend les mouvements des personnages et les décors somptueux plus réalistes que jamais. Le mélange entre animation et film traditionnel est un peu déroutant pendant la première demi-heure mais on se fait rapidement à l'idée de cette double-vie et on se laisse progressivement emporter dans l'intrigue et dans le parcours initiatique auquel doit se livrer Jack interprété, partiellement à l'écran, par Sam Worthington dont je continue d'affirmer que le jeu manque sérieusement d'attrait notamment dans la palette d'émotions. Une fois remis de l'aspect visuel du film, on commence à s'intéresser à l'histoire proposé par James Cameron mais on se rend rapidement compte que celle-ci tente grossièrement de nous faire passer un message écologiste et humaniste qui se distingue par son simplisme et par un maelstrom de thèmes déjà développés ailleurs, notamment dans les films pour enfants à l'instar de "Pocahontas", l'un de mes proches (petit clin d'oeil à celle qui se reconnaîtra) m'ayant d'ailleurs fait remarquer, à juste titre, que la grand-mère de Neytiri ressemble de manière bien trop flagrante à la grand-mère feuillage du dessin-animé de Disney. Avec ses plus de 160 minutes, "Avatar" nous perd dans la longueur à cause d'une structure scénaristique si banale qu'elle serait digne d'être enseignée lors des premiers cours des écoles de scénaristes.
Au niveau du casting, James Cameron a donc misé sur Sam Worthington dont je vous ai déjà parlé de la prestation, Sigourney Weaver qui renoue avec un rôle d'anthropologiste, bien des années après l'inoubliable "Gorilles Dans La Brume", et une pléthore de seconds rôles qui vont de l'anecdotique, Giovanni Ribisi, au caricatural, Stephen Lang, en passant par l'efficace, Michelle Rodriguez, avec toutefois quelques révélations comme la prestation impressionnante de Zoe Saldana que l'on ne voit pourtant jamais sous ses traits à l'écran (si vous souhaitez la voir jouer en "vrai", elle est en ce moment à l'affiche de "Colombiana"). Pour revenir sur les effets spéciaux, je me permets d'insister sur le travail impeccable de l'équipe du réalisateur canadien qui s'est notamment distingué dans les scènes de vol ou lors de l'affrontement final qui est de toute beauté. Divertissant, spectaculaire, émouvant mais aussi pharaoniquement coûteux et démesuré, "Avatar" ne séduit pas complètement. Si l'on se doute que le travail de James Cameron est une étape décisive pour l'industrie des effets spéciaux comme le furent tant d'autres avant lui - "Jurassic Park", "Matrix" pour ne citer qu'eux - on se rappellera également bien des années plus tard que c'est, à ce jour, le film le plus cher de l'histoire du cinéma et qu'il n'a finalement pas détroné "Titanic" - du même Cameron - au box-office français. C'est donc une déception même si, comme je le mentionnais au début de cet article, je m'y attendais un peu.