Tuer le père de Amélie Nothomb

Publié le par Louis

 

Quand on est aussi prolifique qu'Amélie Nothomb, il est relativement difficile de garder une qualité constante année après année. Malgré quelques sorties de route plus ou moins bien négociées (Peplum, Journal d'hirondelle), l'auteure belge parvient la plupart du temps à redresser la barre et à surprendre son lectorat. Avec Une forme de vie, elle avait réussi à redonner goût à son écriture en réactivant des thèmes qui lui sont chères dans une forme épistolaire inédite. C'est donc avec une certaine impatience que l'on se plonge dans Tuer le père. Après la danse (Robert des noms propres), la mode (Attentat) et la télé-réalité (Acide sulfurique), le nouveau sujet d'Amélie Nothomb est la magie. Passé un court prologue dans lequel elle se met en scène une fois de plus, Tuer le père nous raconte la relation entre un magicien renommé et l'apprenti qu'il a recueilli, une association à la frontière entre les liens filiaux et le complexe d'Oedipe. 

 

Tout comme dans Une forme de vie, l'écrivain belge s'intéresse aux Etats-Unis et situe son histoire à Reno dans le Nevada. Elle profite de l'occasion pour évoquer Burning man, un célèbre festival artistique qui a lieu chaque année dans le désert de Black Rock. Régulièrement évoqué dans le cinéma et les séries-tv américaines, cet événement est le rendez-vous des artistes indépendants et se distingue par une ambiance libertaire très inspirée Woodstock. Sujet idéal pour situer un roman, le désert de Black Rock rythmé par la semaine de festivités de Burning Man sert uniquement de prétexte au jeune Joe pour mettre son plan à exécution. Ce choix résume assez bien la teneur générale du roman qui se contente de survoler l'histoire comme s'il s'agissait d'un simple résumé. Le style lapidaire, l'économie de mots et surtout le peu de détails donné sur les personnages empêchent le lecteur de s'intéresser véritablement à ce qu'on lui raconte. À aucun moment, on ne retrouve la plume singulière d'Amélie Nothomb qui se contente ici de phrases convenues sur la pyrotechnie ou la magie sans la fulgurance qu'on lui connaît. Face à de tels choix de carrières - magicien, fire dancer - il aurait été judicieux de donner vie à des personnages marginaux d'autant plus que c'est un traitement dans lequel Amélie Nothomb excelle d'ordinaire. Aucun des trois protagonistes ne suscite la moindre empathie, leur mode de vie n'a rien de bien original et les relations qu'ils entretiennent suivent un schéma on ne peut plus classique. 

 

Épouser la mère, tuer le père, un scénario simpliste et bien peu courageux qui touche le fond du fait de la brièveté de ce roman qui vient rejoindre Journal d'une hirondelle dans la catégorie des romans dispensables de l'auteure belge. Tuer le père est une déception à tous les niveaux, une erreur de parcours incompréhensible tant on ne retrouve rien de ce qui fait le charme d'Amélie Nothomb : son style unique ainsi que sa prédilection pour les histoires incongrues et les héros décalés. À 16 euros le roman, mieux vaut faire l'impasse ou l'emprunter à la médiathèque la plus proche.

 

EAN : 9782226229755

Éditeur : ALBIN MICHEL 

Parution : 17/08/2011

Publié dans Livres

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